LES AMETROPIES EN MILIEU SCOLAIRE PRIMAIRE DANS LA PROVINCE DE L’ESTUAIRE AU GABON

Assoumou PA1, 2, Kapinga Bulanda F2, Mba Aki T1, 4, Oyieye A3, Mve Mengome E3

1. Département d’Ophtalmologie, Faculté de Médecine, Université des Sciences de la santé, Gabon.
2. Service d’Ophtalmologie du Centre Hospitalier Universitaire d’Angondjé, Akanda Gabon.
3. Service d’Ophtalmologie de l’Hôpital d’Instructions des Armées Omar Bongo Ondimba, Gabon.
4. Service d’Ophtalmologie du Centre Hospitalier Universitaire d’Angondjé, Akanda Gabon.

Auteur correspondant : ASSOUMOU Prudence Ada. Département d’Ophtalmologie, Faculté de Médecine,
Université des Sciences de la santé, Gabon. E-mail : prudence_apa@yahoo.fr

 

Résumé

Introduction : Les amétropies sont des anomalies de la réfraction secondaires à une mauvaise mise au point de l’image sur la rétine.

Objectif : étudier les amétropies en milieu scolaire primaire dans la province de l’Estuaire au Gabon.

Patient et méthodes : Il s’est agi d’une étude transversale, descriptive et analytique qui s’est déroulée de mars à septembre 2015, dans les écoles primaires des circonscriptions Nord, Centre et Sud de la province de l’Estuaire au Gabon. Les variables étudiées étaient l’âge, le sexe, les antécédents oculaires, le niveau d’étude, la performance scolaire, les signes d’appel, l’acuité visuelle et le type d’amétropies.

Résultats : La prévalence des amétropies était de 16,2% avec un intervalle de confiance de 0,16±0,02. La tranche d’âge de 5-6 ans était la plus représentée dans 32,2% des cas. Une prédominance masculine était retrouvée dans 52,2%, des cas. Les pères et les mères portaient des lunettes dans respectivement 54,9% et 55,7% des cas. La classe préscolaire était le niveau d’étude le plus touché dans 21,2% des cas. Les patients avaient repris au moins 1 classe dans 16,9% des cas. Le larmoiement était noté dans 31,6% des cas. L’astigmatisme était présent dans 89,2% des cas.

Conclusion : Les amétropies sont une réalité à Libreville d’où la nécessité de dépistage et d’une prise en charge adéquate pour l’amélioration de la santé oculaire en milieu scolaire.

Mots clés : Acuité visuelle, Amétropies, Astigmatisme, myopie.

Abstract

Introduction: Ametropia are abnormalities of refraction, secondary to a poor focus of the image on the retina.

Objective: The purpose of this work is to study ametropia in primary school in the province of Estuaire in Gabon.

Patients and methods: This cross-sectional, descriptive and analytical study took place from March to September 2015 in primary schools in the northern, central and southern districts of the Estuary province of Gabon. Thevariables studied were age, sex, eye history, education level, academic performance, major symptoms, visual acuity and the type of ametropia.

Results: The prevalence of ametropia was 16.2% with a confidence interval of 0.16 ± 0.02. The 5-6 age group was the most represented with 32.2% of cases. A male predominance was found in 52.2% of cases. 54.9% and 55.7% of fathers and mothers respectively, wore glasses. Preschool class was the most affected level of education in 21.2% of cases. Patients had recovered at least 1 class in 16.9% of cases. Lachrymation was noted in 31.6% of cases. Astigmatism was present in 89.2% of cases.

Conclusion: Ametropia is a reality in Libreville, hence the need for screening and appropriate management for the improvement of ocular health in schools.

Key words: Visual acuity, Ametropia, Astigmatism, myopia.

 

Introduction

Les amétropies sont des anomalies de la réfraction secondaires à une mauvaise mise au point de l’image sur la rétine. Les amétropies ou vices de réfraction non corrigés constituent un réel problème de santé publique car reconnues comme cause de malvoyance curable par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui les a incluses dans la charte de la vision visant à les réduire de près de la moitié d’ici 2020 [1]. Chez l’enfant scolarisé, elles représentent une des causes les plus fréquentes de baisse de l’acuité visuelle et occasionnent des troubles du comportement voire de retard scolaire. La prévalence des amétropies chez l’enfant varie considérablement selon les études, la tranche d’âge et la méthode d’examen [2]. En Occident, cette fréquence serait de 7 à 15% chez les enfants âgés de 5 ans [3]. En Afrique, les travaux de Tunisie en 2006 retrouvaient que 1 enfant sur 8 présentait des anomalies visuelles [4] et ceux de la Côte d’Ivoire montraient que 38,48% des enfants âgés de 4 à 14 ans avaient une baisse d’acuité visuelle correspondant à un trouble de la réfraction dans la majorité des cas [5]. Enfin au Cameroun, l’étude faite en 2008 a noté que l’hypermétropie était l’amétropie la plus fréquente [6]. Bien que la prévalence des troubles visuels soit environ dix fois plus faible chez les enfants que les adultes, la déficience visuelle infantile reste hautement préoccupante en raison du nombre d’années à vivre avec ce handicap. Précoce, cette anomalie peut interférer avec le développement de l’enfant et retentir sur l’ensemble de ses compétences motrices, cognitives ou affectives et avoir ainsi des répercussions sur ses performances scolaires voire dans son insertion sociale et professionnelle. Au Gabon, très peu d’études sur la santé visuelle infantile ont été réalisées, cependant Mouyou retrouvait une prévalence de 16,2% d’enfants avec une baisse d’acuité visuelle et de 2,2% d’enfants malvoyants [7]. D’où l’initiative de conduire cette étude dont le but est d’étudier les amétropies en milieu scolaire primaire dans la province de l’Estuaire, la plus peuplée du Gabon.

 

Patients et méthodes

Il s’est agi d’une étude transversale, descriptive et analytique qui s’est déroulée au cours des mois de mars à septembre 2015 dans les écoles primaires des circonscriptions Nord, Centre et Sud de la province de l’Estuaire au Gabon. Les enfants inclus dans l’étude étaient inscrits en classe de 1ere année jusqu’en classe de 5ème année dans les écoles primaires des circonscriptions Nord, Centre et Sud de la province de l’Estuaire. Ces enfants étaient présents le jour de l’examen et avaient tous consenti à participer à l’enquête après que leurs parents aient volontairement rempli et signé le formulaire de consentement éclairé avec leurs renseignements généraux, leurs antécédents personnels et familiaux. Les enfants non retenus étaient absents de l’école le jour de l’examen et/ou n’avaient pas été autorisé par leurs parents à participer à l’enquête. Toutefois, le passage de l’équipe d’enquête constitué d’un ophtalmologiste, d’un orthoptiste et d’un technicien supérieur d’ophtalmologie dans les différentes écoles a été aménagé en fonction du calendrier de l’année scolaire en cours. L’étude dans les écoles consistait à évaluer l’acuité visuelle morphoscopique pour chaque enfant en monoculaire, puis en binoculaire, sans et avec correction pour ceux qui en portaient. Elle se mesurait à une distance de 5 mètres dans une salle de classe aménagée pour la circonstance à l’aide d’une échelle de Monoyer pour la vision de loin. L’acuité visuelle sans correction a été considérée bonne lorsqu’elle était supérieure ou égale à 8/10 sans correction et on définissaitl’amétropie lorsqu’elle était inférieure à 8/10 sans correction. Ensuite, les enfants dits amétropes ont été dirigés par la suite en milieu hospitalier pour une réfraction et un examen ophtalmologique complet. La réfraction objective a été réalisée par l’ophtalmologiste à l’aide d’un refractomètre automatique après cycloplégie selon le protocole qui consiste à instiller dans les deux yeux de l’enfant une goutte d’atropine 0,5% ou 0,3% matin et soir pendant 7 jours. Les variables étudiées étaient l’âge, le sexe, les antécédents oculaires, le niveau d’étude, la performance scolaire, les signes d’appel, l’acuité visuelle et le type de vice de réfraction. Les données ont été saisies à l’aide du logiciel Sphinx Plus version 5, ensuite analysées et traitées à l’aide du logiciel IBM SPSS Statistics version 20. Le test de Chi2 a été utilisé pour les comparaisons statistiques avec un seuil de signification retenu à 5%. Une autorisation du Ministère de l’Éducation Nationale et des chefs d’établissements des écoles retenues ainsi que le consentement éclairé des parents et le consentement oral des enfants ont été obtenus pour la réalisation de cette étude.

 

Résultats

Sur les 1899 enfants inscrits dans les différentes écoles, seuls 1572 enfants ont été recensés, soit un taux de participation de 82,8%. Parmi les1572 élèves recensés, 255 étaient amétropes, soit une prévalence de 16,2% avec un intervalle de confiance de 0,16±0,02. La prévalence de la myopie était de 9 %, celle de l’hypermétropie de 1,8% et enfin celle de l’astigmatisme toutes formes confondues de 89,2%. La tranche d’âge de 5-6 ans était la plus représentée, soit 32,2%. La répartition des myopes était quasiégale dans les tranches d’âge de 5-6ans, 7-8ans, et 9-10 ans, représentant chacune 30% de la population, sans variation significative. Chez les hypermétropes, les tranches d’âge les plus représentées ont concerné celles de 7-8 et 9-10 ans sans variation significative de l’hypermétropie (p>0,05). Chez les astigmates, la tranche d’âge de 7-8 ans avait regroupé 28% d’astigmates avec une différence entre les tranches d’âges statistiquement significative (p> 0,05). La population d’étude était à prédominance masculine dans 52,2%, les astigmates l’étaient également dans 56 % des cas sans différence statistiquement significative. Les myopes et les hypermétropes étaient à prédominance féminine. La classe de préscolaire était le niveau d’étude avec le plus d’enfants soit 21,2%, suivi de la classe de 5ème année avec 19,2% et de la classe de 2ème année avec 18,4 %. L’acuité visuelle était comprise entre 7/10 et 3/10 dans 72,6% des cas et inférieure à 3/10 dans 7,8% de cas. L’astigmatisme était l’amétropie la plus fréquente dans 89,2% suivi de la myopie dans 9% et de l’hypermétropie dans 1,8% des cas. L’astigmatisme myopique était majoritaire dans 48,2%, suivi de l’astigmatisme hypermétropique dans 32,1% et de l’astigmatisme simple dans 8,9%. Les enfants avaient repris au moins 1 classe dans 16,9% des cas. Chez les myopes, le redoublement a été rapporté dans 01 cas sur 10, soit un taux de redoublement de 10% sans lien significatif avec la myopie. L’astigmatisme tous types confondus a été associé au redoublement de façon significative dans 23% des cas. La notion de port de verres correcteurs était retrouvée chez les pères dans 54,9% des cas et chez les mères dans 55,7% des cas. Le larmoiement était le signe d’appel prédominant dans 31,6% des cas, suivi de la baisse de l’acuité visuelle dans 18,6% des cas dans notre population d’étude. Chez les myopes, la notion de port antérieur de verres correcteurs était notée chez 70% des cas et les signes d’appel étaient dominés par le larmoiement suivi de la baisse d’acuité visuelle et des céphalées dans respectivement 24,4% ; 19,5% et 17,1% des cas. Chez les astigmates, les signes d’appel étaient dominés par la baisse de l’acuité visuelle dans 28,8%, suivi du prurit et des céphalées dans respectivement 26,4% et 21,7% des cas.

 

Discussion

Nous avons recensé un total de 1899 enfants inscrits dans les différentes écoles retenues pour cette enquête, mais seuls 1572 enfants ont adhéré à l’étude, soit un taux de participation de 82,8 %, ce qui reflète un bon niveau d’adhésion dans l’ensemble. Mais lorsqu’il s’est agi de se rendre en milieu hospitalier pour la poursuite du bilan ophtalmologique complet chez les enfants dits amétropes, celui-ci a chuté à 56 % par non-adhésion des parents à l’étude. Cependant, ce taux se rapproche de celui de Sounouvou et al, qui retrouvaient un taux de d’adhésion de 88,6 % [8], mais reste inférieur à celui de Zan et al chez qui la participation était de 100% [9]. Le fort taux de participation retrouvé dans notre étude et dans la littérature, reflète une préoccupation fortement ressentie par la population sur les vices de réfraction non corrigées chez les enfants scolarisés. Toutefois, la situation des amétropies en milieu scolaire à l’Estuaire au Gabon reste un problème de santé publique. La prévalence des amétropies dans notre étude était de 16,2 %. Ce résultat corrobore celui de Mouyou [7] avec 16,2 % et se rapproche de ceux de Diallo et al avec 18,9 % [10], Kassir et al avec 15,7% [11] et de Sounouvou et al avec10, 6% [8]. Cependant, ce chiffre reste très loin de celui de Zan et al avec 26,6 % [9], Ombgwa et al avec 33,1% [6], Ayed et al avec 57,2% [12] et de Ndoye et al avec 67,85 % [13]. Cette disparité pourrait s’expliquer par la méthodologie de notre travail. En effet, au décours de l’évaluation subjective de la réfraction chez les élèves, nous avons considéré que les enfants présentant une acuité visuelle inférieure ou égale à 7/10 étaient amétropes. Ce qui n’était pas le cas dans d’autres études où l’acuité et les symptômes associés ont été pris en compte. Et de plus cette différence pourrait s’expliquer par des facteurs ethniques et génétiques que par des facteurs environnementaux. Notre étude a eu lieu dans la province de l’Estuaire pendant que Ndoye et al [13] l’avaient réalisé dans une école de banlieue de Dakar, Ayed et al [12] dans quatre villes différentes de Tunisie et Ombgwa et al [6] au Cameroun avaient des données hospitalières. La classe d’âge la plus représentée était celle de 5-6 ans dans 32,2 % des cas. Aussi, l’altérité d’effectifs entre ces tranches d’âges était statisti-quement significative (p=0,02).
Dans la série de Sounouvou et al les amétropies tous types confondus étaient constatées entre 6 et 11 ans [8], pour Ombgwa et al, c’est la tranche d’âge de 8-9 ans qui regroupait le plus d’amétropes [6] et pour Zan et al c’était celle de 10-12 ans [9]. Toutefois pour Ndoye et al, l’âge moyen des amétropes était de 10,28 ans [13]. Cette diversification serait due au processus d’emmé-tropisation qui prend fin vers 14-15 ans. Le sexe féminin a représenté 51 % de notre population ; le même constat avait été fait par Ombgwa et al [6], Ndoye et al [13] et Fanny et al [5]. Par contre Odoulami et al retrouvaient une prédominance masculine dans 51,54 % des cas, cette spécificité s’explique par le fait qu’au Bénin, les garçons sont prioritairement scolarisés [14]. La répartition des amétropes selon le niveau d’étude était inégale. On notait une différence statistiquement significative entre les niveaux d’études dans la population d’amétropes (p<0,05). La classe de préscolaire et plus précisément de grande section représentait le niveau d’étude qui avait le plus d’amétropes, soit 21,2%. Ce chiffre reste loin derrière celui de Zan et al qui avaient noté 60% des amétropes dans la classe de cours moyens [9]. Dans notre étude, nous avons retrouvé 83,1% de non redoublants avec 16,9% d’amétropes qui avaient repris au moins 1 classe. Notre chiffre est loin devant celui de Zan et al qui avaient retrouvé 60 % de non redoublant [9] et de Diallo qui avaient observé 62 % d’enfants avec 1 redoublement [10]. Enfin, Ayed et al avaient remarqué que les amétropies tous types confondus étaient hautement associés au retard scolaire en Tunisie [12]. Au sein de la population d’amétropes, environ 28,2 % des cas étaient déjà porteurs de verres correcteurs. Mais nous avons également constaté que la majorité des amétropes porteurs de verres correcteurs ne les avait pas le jour de l’examen, soit parce que les verres étaient brisés, soit parce que les enfants ne comprenaient pas la nécessité de les avoir en permanence. Cette proportion se rapproche de celle de Zhao et al [15] et de Kassir et al [11] qui retrouvaient respectivement 28,8 % et 29,93 % d’enfants porteurs de verres correcteurs au moment de l’examen. Cependant, Zan et al retrouvaient une proportion plus faible soit 0,95% [9].Les élèves non porteurs de verres correcteurs soient 71,8% ont découvert leurs déficits visuels lors de nos passages dans les établissements après la mesure subjective de la réfraction. Les parents de ces enfants amétropes étaient porteurs de verres correcteurs dans 54,9% pour les pères et 55,7% pour les mères. Le larmoiement était le signe d’appel prédominant soit 31,6% suivi de la baisse de l’acuité visuelle, Prurit et céphalées dans 18%, 15,1% et 14% des cas. Les travaux de Ndoye et al montraient la présence de baisse de l’acuité visuelle dans 96,64% des cas [13]. La prévalence de la myopie était de 9% dans notre étude. Nos résultats se rapprochent de ceux de Ayed et al avec 9,1% [12] et de Kleinstein et al avec 9,2% [16]. Nos chiffres sont supérieurs à ceux de Zan et al avec 2,03% [9], Népal et al avec 4,3% [17], Ombgwa et al avec 4,5% [6] et de Ebana et al. avec 6,39% [18]. Par contre, nos résultats sont inférieurs à ceux de Diallo avec 38,7% [10] et de Ndoye et al avec 13,63% [13]. Dans notre série, nous avons noté une répartition quasi-égale des myopes dans les tranches d’âge de 5-6ans, 7-8ans, et 9-10 ans, représentant chacune 30% de la population, sans variation significative. Par contre, Ayed et al retrouvaient une augmentation significative de la myopie avec l’âge [12]. Notre population était à prédominance  féminine avec un ratio de 0,4. Ces résultats sont superposables à ceux de Ayed et al qui retrouvaient une prédominance féminine dans 9,8% des cas sans différence significative [12] et se rapprochent de ceux de Kawuna et al avec 11% des cas [19]. Tout ceci à la différence de Odoulami et al qui notaient autant de myopes de sexe féminin que masculin dans ses travaux. Ils soulignaient également que la myopie croît avec l’âge et qu’elle diminue lentement à partir de 13 ans quel que soit le sexe [14]. Le redoublement a été rapporté dans 01 cas sur 10, soit un taux de redoublement de 10 % dans la population des myopes et de 0,9 % dans la population amétrope retenue, sans lien significatif avec la myopie. Cependant, Ayed et al ont constaté que la myopie était associée de façon hautement significative au retard scolaire car dans sa série 40 % des myopes avaient un retard scolaire de plus de 2 ans [12]. Aussi, la notion de port antérieur de verres correcteurs était notée chez 70% des myopes et les signes d’appel étaient dominés par le larmoiement suivi de la baisse de l’acuité visuelle et des céphalées dans respectivement 24,4%, 19,5% et 17,1% des cas. Cependant, Zan et al avaient également retrouvé la baisse de l’acuité visuelle dans 35% des cas [9]. La prévalence de l’hypermétropie est de 1,8% dans notre série. Nos résultats sont similaires à ceux de Népal et al. qui retrouvaient 1,3% [17] et différents de ceux de Ombgwa et al avec 23,69% [6], Ebana et al. avec 51% des cas [18], Ayed et al. avec 31,6% cas [12] et Zan et al avec 11,36% [9]. Les tranches d’âge les plus représentées ont concerné celles de 7- 8 et 9-10 ans sans variation significative de l’hypermétropie (p> 0,05). En revanche, pour Zan et al, l’hypermétropie variait de façon significative avec l’âge [9]. Notre population était essentiellement de sexe féminin. Les travaux réalisés par Ayed et al [12] et Zan et al. [9] retrouvaient également une prédominance féminine sans variation significative. Les séries de Hashemi et al montraient un risque significativement élevé de l’hypermétropie chez les filles que chez les garçons [20]. La prévalence de l’astigmatisme toutes formes confondues était de 89,2%. L’astigmatisme myopique était majoritaire dans 48,2%, suivi de l’astigmatisme hypermétropique dans 32,1% et de l’astigmatisme simple dans 8,9%. Nos résultats sont différents de ceux de Kawuma et al, Ndoye et al, Diallo et al, Ayed et al et Zan et al où la prévalence de l’astigmatisme tous types confondus était de 52 %, 46,5 %, 37,69%, 16,4%, 13,2% [9,10,12,13,19]. Cependant, Fanny et al ont noté une fréquence de l’astigmatisme composée dans 66,37% et de l’astigmatisme simple dans 6,45% des cas [5]. Aussi, Ebana et al. avaient retrouvé une prévalence de l’astigmatisme hypermétropique dans 27,5% et de l’astigmatisme myopique dans 9,3% des cas [18]. Dans ces travaux, Sounouvou et al notaient une prévalence de l’astigmatisme simple dans 46,4% suivi de l’astigmatisme composé dans 45,5%, l’astigmatisme myopique dans 29,4% et de l’astigmatisme hypermétropique dans 16,1% [8]. Enfin, Odoulami et al. notaient 22,58 % d’astigmatisme myopique simple et 19,36% d’astigmatisme myopique composé [14]. La tranche d’âge de 7-8 ans avait regroupé 28% d’astigmates, cependant la différence entre les tranches d’âges était statistiquement significative (p > 0,05). Aussi, le même constat a été fait par Ndoye et al. [13], par contre Diallo et al. constataient que 27,3% des astigmates étaient âgés de 12 ans, sans différence statistiquement significative avec l’âge [10]. Par ailleurs, Sounouvou et al rapportaient que l’astigmatisme composé dans la tranche d’âge de 8-11 ans était retrouvé dans 58,8% [8]. Une prédominance masculine a été notée chez les astigmates dans 56% des cas sans différence statistiquement significative. Ce constat a été également décrit par Diallo et al. avec 62,1% de garçons et par Ayed et al avec 13,5% de garçons [10,12]. Par contre, Zan et al, Ndoye et al retrouvaient une prédominance féminine [9,13]. La baisse de l’acuité visuelle était le signe d’appel prédominant dans 28,8% des cas, suivi du prurit et des céphalées dans 26,4% et 21,7%. De même Zan et al rapportaient une baisse de l’acuité visuelle dans 11,19% [9]. Dans notre étude, l’astigmatisme tous types confondus a été associé au redoublement de façon significative dans 23% des cas. Le même constat a été fait par Ayed et al. qui rapportaient un taux de 38,8% de retard scolaire de plus de 2 ans [12].

 

Conclusion

La prévalence des amétropies est de 16,2% avec un intervalle de confiance de 0,16±0,02. Les amétropies constituent en effet, une des causes les plus fréquentes de baisse de l’acuité visuelle chez l’enfant scolarisé. Cependant, le lien entre amétropie et le retard scolaire n’a pas été mis en évidence de façon significative. Toutefois, l’astigmatisme a été l’amétropie la plus fréquente et la plus invalidante avec un lien statistiquement significatif avec le redoublement. Cette prévalence des amétropies ne saurait voiler la nécessité de la mise en oeuvre d’action en vue de l’amélioration de la santé oculaire en milieu scolaire au Gabon. L’extension de cette étude vers d’autres établissements scolaires primaires de tout le pays permettrait probablement d’obtenir des précisions sur la situation de la santé oculaire infantile des enfants scolarisés au Gabon.

 

Références

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